Travail, classes, styles de vie

Responsables : Emmanuel de Lescure, Delphine Serre

Le domaine « Travail, classes, styles de vie » a été créé en 2017 pour rendre visible un questionnement jusque-là présent, mais souvent au second plan, dans maintes enquêtes menées au Cerlis sur des milieux professionnels divers. Son principe fondateur est de ne pas traiter le travail, l’emploi, la profession comme des enjeux en soi, mais de penser leur articulation avec d’autres sphères de l’existence ou avec des principes de divisions sociales plus larges (classe, genre, origine). Les recherches s’intéressent ainsi aux formes de tensions ou de continuité qui peuvent exister entre sphères – ou socialisations – professionnelle et non professionnelle, ou encore à la structuration des parcours par des conditions d’emploi inégalitaires.

Dans les années à venir, les activités du domaine s’organiseront autour d’un fil directeur qui a émergé des séminaires passés autour d’enquêtes en cours : celui du sens du travail. Bien que large et polysémique, cette question permet de saisir les divers modes d’engagement subjectif au travail et la place qui lui est accordée – ou qu’il prend – au quotidien. L’objectif reste d’analyser les significations accordées au travail de façon située, en les mettant en relation avec des milieux professionnels et organisationnels précis. Plusieurs évolutions apparaissent d’ores et déjà comme déterminantes et transversales et seront étudiées de près : la perte de contrôle sur la définition de son activité, la montée de l’évaluation par le biais d’indicateurs chiffrés, la dégradation des conditions d’emploi, l’absence de reconnaissance financière, etc. La diversité des milieux professionnels enquêtés doit permettre de mettre au jour les effets sur le rapport au travail de processus partagés mais aussi de processus plus spécifiques, ancrés dans des contextes précis. Sera ainsi exploré le sens donné au travail dans des métiers qualifiés, ou non, exerçant dans le secteur public (soignant·es, enseignant·es, juges, pompier·es, directeurs et directrices d’établissements sociaux, etc.), mais aussi associatif (animateurs et animatrices, formateurs et formatrices d’adultes, etc.) ou privé (ouvrier·es de la logistique, du tri des déchets, agents de nettoyage, apprenti·es mécaniciens et coiffeuses, etc.).

Cette réflexion s’appuie sur le séminaire du domaine, mêlant invitations d’intervenant·es extérieur·es et échanges autour de recherches menées en interne, avec le souci de combiner à chaque fois discussions autour des usages du concept et mutualisation d’enquêtes empiriques. Une journée d’études sera organisée au cours de l’année 2024 avec le projet de lancer, à terme, une recherche collective pour étudier comment le sens du travail évolue en contexte de crise, et pas seulement au sein des jeunes générations comme cela est généralement avancé dans les médias.