Les ANR

MUSICOVID (2022-2026)

ANR-21-CE27-0033

Responsables : Cécile Prévost-Thomas, Luc Robène, Solveig Serre,

Musicovid est un projet de recherche interdisciplinaire qui place en son centre l’analyse des modes d’adaptation, d’innovation et de résistance des musiciens et de leurs publics en temps de Covid, alors que se pose avec acuité la question des lendemains qui chantent. L’équipe, dotée d’un fort capital expérientiel en matière d’enquêtes sur les pratiques musicales et les situations culturelles de ruptures, mobilisera des partenaires représentatifs de la richesse des mondes de la musique. En articulant trois chantiers, (représentations, perceptions, comportements relatifs à l’épidémie), MUSICOVID cherche à relever un quadruple défi : sauvegarder la mémoire de ces expériences, faire de l’intelligence collective une source de profit partagé pour préparer l’après, proposer un modèle global susceptible d’être transposé à d’autres champs de la culture, répondre à un besoin social dans une lecture ontologique forte : peut-on se construire sans musique ?

MUSICOVID is an interdisciplinary research project devoted to the analysis of the modes of adaptation, innovation and resistance of musicians and their audiences in the age of COVID19, when the question of a brighter, musical future is more acute than ever. The team, which is highly experienced in terms of research into musical practices and cultural upheaval, can rely on a wide array of partners and networks in the music world. By articulating three areas of research (representations, perceptions, and behaviours related to the epidemic), MUSICOVID seeks to meet a fourfold challenge : to safeguard the memory of musical experiences, to ensure that collective intelligence is a source of shared profit to prepare for the aftermath of the epidemic, to propose a global model that can be replicated in other cultural fields, and to answer a social need with a strong ontological perspective : can we build ourselves without music ?

Contact : cecile.prevost-thomas@sorbonne-nouvelle.fr

QUANTISELF

QUANTISELF est un Projet de Recherche Collaborative-Entreprise (PRCE) interdisciplinaire (sociologie, anthropologie, sciences de l’information et de la communication, ergonomie) coordonné par Eric Dagiral du CERLIS et consacré à l’analyse du déploiement des technologies numériques réflexives de quantification de soi ou Quantified Self (QS).

Il a été sélectionné par l’ANR dans le cadre de l’Appel à projets générique 2016 - Sociétés innovantes, intégrantes et adaptatives. Labellisé n°ANR-16-CE26-0009-01

Le Projet de Recherche Collaborative-Entreprise QUANTISELF est coordonné par le laboratoire CERLIS de l’université Paris Descartes, est conduit avec Télécom ParisTech et Orange, et est prévu pour se dérouler sur une durée de 36 mois. Il a débuté au 1er janvier 2017.

À partir d’une étude des usages et de la conception de ces dispositifs adossés à des capteurs toujours plus ajustés aux individus qui mesurent, enregistrent et agencent – souvent de façon automatique – des données relatives aux comportements et aux activités physiques, il a pour objectif d’en comprendre les pratiques réelles et les enjeux sociaux en termes d’appropriation de ces technologies, de régulation « souple » des comportements, et de production des individus ainsi « calculés ». Le QS produit ainsi un sujet encadré par des seuils dont le franchissement devient un événement notable, selon des modalités façonnées par les modes de visualisation et qui en dépendent étroitement. Nous faisons l’hypothèse que ces systèmes produisent une forme d’expérience divisée et particulière du monde dans laquelle les décalages entre l’expérience ordinaire (qu’il s’agisse de mobilité, de consommation ou de santé) et les traces que renvoient les dispositifs questionnent les utilisateurs et les orientent. Les enjeux analysés dans QUANTISELF sont donc tout autant cognitifs que moraux. Afin de prendre acte de la place effectivement occupée par ces dispositifs qui replacent les corps des personnes au centre des existences numériques, l'enquête empirique articulera trois volets afin d'analyser à la fois le mouvement QS et les concepteurs de dispositifs, l'expérience individuelle des usagers et la socialisation de ces expériences au sein des relations interpersonnelles. Pour ce faire, les partenaires articulent une grande enquête qualitative auprès d’utilisateurs (autant de femmes que d’hommes) d’une part et de concepteurs et organisateurs de ce domaine d’autre part avec une enquête quantitative par questionnaire interrogeant les représentations et les usages du QS. L’enquête sur les usages, conduite en deux vagues réalisées à un an d’écart, interroge les usages et leur évolution tant en contexte privé que professionnel, et questionne en particulier l’entrelacement des enjeux de bien-être, d’activités physiques et sportives ou de santé aux différents âges de la vie, afin de tenir compte de leurs enjeux particuliers. À partir des résultats obtenus, une synthèse sur « les enjeux sociaux de la quantification de soi » sera rédigée de façon collaborative par l’ensemble des partenaires du projet. Elle permettra d’apporter un éclairage empirique et théorique original sur les enjeux sociaux à la fois individuels, collectifs et organisationnels du Big Data en rapport avec la multiplication et la généralisation des dispositifs de production des données numériques personnelles en société. Dans cette perspective interdisciplinaire, trois axes seront ainsi privilégiés : 1) l’analyse de l'émergence du mouvement du QS en tant que mouvement socio-politique et technologique original ; 2) appréhender l'expérience individuelle des acteurs : comment agit-on dans un éco-système réflexif dans lequel des données sur l’action plus ou moins en train de se faire sont renvoyées aux acteurs par les dispositifs technologiques ? Et 3) rendre pleinement compte des formes de socialisation de cette expérience et de la place qu'occupe la quantification de soi dans la reconfiguration des relations interpersonnelles et dans la construction du lien social.

 Contact : Eric Dagiral, eric.dagiral@parisdescartes.fr

CLASPOP

ANR ANR-GUI-AAP-06 – "Le « populaire » aujourd’hui. Les recompositions sociales et culturelles des mondes ouvriers et employés contemporains"

Projet débuté en 2014 et achevé en 2018. Coordinateur : MASCLET Olivier

Alors que les thèmes de la fin des classes, de la disparition des ouvriers et de la « moyennisation » des sociétés européennes et nord-américaines ont connu une forte diffusion au cours des années 1980-1990, on assiste depuis la fin des années 1990 à un « retour des classes sociales » et notamment du « populaire ». Ce nouvel intérêt renvoie au creusement des inégalités, au net décrochage des catégories les moins bien pourvues socialement et, parallèlement, à la résurgence de la question du « peuple » comme question
politique majeure. Les données socio-économiques disponibles révèlent aujourd’hui l’ampleur de l’écart entre les catégories populaires d’un côté et les catégories moyennes et supérieures de l’autre mais, en tant que données statistiques, elles laissent le plus souvent dans l’ombre les conditions d’existence concrètes et les recompositions sociales et culturelles des groupes populaires. De fait, nous ne savons plus désormais comment nommer et décrire ces groupes dont les modes de vie, les pratiques culturelles et les manières de se représenter ont évolué en profondeur. Notre projet entend donc répondre au défi de penser « le populaire » contemporain, avec comme principe d’analyse le refus de l’appréhender par ses seules marges et de l’émietter en autant d’objets spécialisés politique, famille, culture, travail, école, etc.). Notre démarche de recherche présente une double originalité. Elle se concentre d’abord sur un segment des classes populaires aujourd’hui sous-étudié, tant en France qu’en Europe et aux États-Unis. Pour le désigner, nous proposons un terme volontairement imprécis – la recherche réduira cette imprécision –, celui de « classes populaires du milieu ». On distingue fréquemment au sein des classes populaires un « bas » et un « haut », le « bas » désignant les fractions les plus démunies de ressources économiques, d’inscriptions sociales protectrices et de capital culturel, le « haut » désignant les fractions qui, par leur stabilité d’emploi, leur niveau de bien-être et de participation à des pratiques socialement sélectives, sont proches des classes moyennes. Cette distinction, si elle souligne le caractère fortement hiérarchisé de ce groupe social, en masque en revanche un pan central, qui constitue aussi un carrefour des mobilités internes aux classes populaires. En choisissant de nous intéresser aux « classes populaires du milieu », nous prenons ainsi pour objet un ensemble paradoxalement peu étudié par la sociologie alors même qu’il est de plus en plus analysé en science politique comme un monde populaire « répressif », en passe de basculer vers l’extrême droite.
Notre démarche de recherche repose ensuite sur un dispositif d’enquête original articulant 1) des enquêtes de terrain axées sur les recompositions culturelles des mondes ouvriers et employés (loisirs, normes dominantes en matière de couple et d’éducation des enfants, investissement dans l’école et le travail, morale ordinaire, valeurs et pratiques politiques, rapport au local, aux migrations…), 2) un corpus de 50 monographies de ménage produites collectivement et 3) la synthèse d’analyses statistiques, existantes ou réalisées de façon inédite à partir des recensements de la population et enquêtes de l’Insee. Le projet met enfin l’accent sur la combinaison de données nationales et régionales, afin de prendre en compte de façon centrale les disparités territoriales. Ce programme, qui réunit vingt-sept chercheurs spécialistes des classes sociales et du populaire, relevant de générations, de traditions de recherche et d’inscriptions locales différentes, pourra dépasser l’approche monographique qui caractérise l’étude des groupes dominés, en analysant les « classes populaires du milieu » tant rurales qu’urbaines, au « féminin » et au « masculin », au travail et dans le hors travail, dans leurs luttes pour occuper une place respectable au sein d’une société salariale précarisée.

Contact : Olivier Masclet, olivier.masclet@parisdescartes.fr