Etudiante depuis 2011 en sociologie à l’Université Paris Descartes, mes recherches m’ont conduite à me spécialiser dans deux domaines de cette discipline, la jeunesse et la famille. Je réalise actuellement un doctorat sous la direction d’Elsa RAMOS qui porte sur la question des redéfinitions des liens parents/enfants après un cancer.
Titre (provisoire) de la thèse :
Redéfinitions des liens parents/enfants après un cancer
Projet de thèse :
Mon projet de thèse s’inscrit dans un contexte où les avancées thérapeutiques effectuées dans le domaine du cancer ont permis une diminution des taux de mortalité liés à cette maladie alors même que ses taux d’incidence augmentent. De ce constat, je fais l’hypothèse appuyée par une riche littérature que puisque la mort n’est plus le seul destin promis aux individus touchés par un cancer, sa survenue va engendrer des mouvements de redéfinition de leur existence. J’ai choisi de circonscrire mon projet aux liens parents/enfants qui, selon Claire Bidart, renvoient aux “places et aux rôles symboliques, anthropologiques et structurels des parents ET de leurs enfants” et “aux manières conjoncturelles de vivre la parenté et d’interagir AVEC ses parents et ses enfants” d’une part, et qui présentent un “caractère inamovible” d’une seconde part (Bidart, 2007, p.30). En outre, “être parent” signifie devoir répondre à de nombreuses obligations en vertu des normes sociales, morales et légales qui régissent notre société. Ainsi, comme le stipule l’article 371-1 du Code Civil, l’autorité parentale recouvre un “ensemble de devoirs” qui prennent effet jusqu’à la “majorité ou l’émancipation des enfants”. Ces derniers sont inhérents à leur “sécurité”, à leur “santé”, à leur “moralité” et à leur “éducation” en vue de leur « développement ». C’est en remplissant ces conditions qu’ils sont d’un point de vue légal considérés comme de « bons parents » (Martin, 2014). Or, le cancer va constituer un observatoire privilégié pour appréhender une remise en cause de l’ordre parental établi tant du point de vue du « lien inaltérable » que légal. En effet, cette maladie particulièrement affaiblissante sur les plans physique et moral peut amener les parents à s’en éloigner aussi bien pendant, qu’après sa survenue. Ainsi, contre toute attente, les enfants peuvent être amenés à « prendre soin » du parent malade ou bien à « faire sans ». Je serai donc amenée à réfléchir aux questions suivantes : qu’est-ce qu’être parent dans ce contexte qui ne permet pas ou plus de répondre totalement à toutes les obligations qui sont attachées à ce statut ? Comment cela est-il vécu par ceux qui sont/ont été touchés par un cancer ? Comment les relations parents/enfants se redéfinissent-elles après la maladie ?
Les objectifs de cette thèse sont multiples. Le premier est d’étudier le cancer par ses conséquences sociales peu exploitées dans les études actuelles. En effet, elle va permettre de montrer la persistance des rapports de genre dans notre société. Interroger des pères et des mères, c’est faire l’hypothèse de parentalités féminine et masculine spécifiques. Par ailleurs, ce projet a pour vertu de mettre en évidence les tensions à l’œuvre dans les différentes injonctions de notre société. D’une part, les parents se doivent d’être de « bons parents » (Martin, 2014). Or, la survenue d’un cancer peut avoir pour conséquence que la définition comme « malade » prenne le pas sur celle de « parent ». D’une seconde part, dans une « société d’individus » (Singly, 2009), ces derniers doivent être « eux-mêmes » en vue de leur épanouissement personnel. Cet aspect peut se retrouver avec force chez les personnes atteintes d’un cancer qui, dans une perspective de mort, peuvent être amenés à expérimenter des valeurs inédites pouvant les conduire à prendre de la distance à leurs rôles familiaux. Ma thèse permettra donc de comprendre ces tensions qui vont être exacerbées par la survenue d’un cancer et qui vont se jouer entre les impératifs de l’éducation parentale et les différentes identités de « malade » et « d’individu ». En outre, l’apport central de ce projet est de montrer que le cancer est un évènement qui vient bouleverser l’ordre établi de l’existence dans toutes ses dimensions. Plus précisément, il s’agit de souligner que cette maladie vient remettre en cause ce qui parait le plus solidement ancré dans la vie des individus, à l’image des liens parents/enfants socialement perçus comme « inaltérables » (Bidart, 2007).
Thèmes de recherche :
- Cancer /
- Liens familiaux - Redéfinition(s) identitaire(s)
- Sociologie de la famille
- Sociologie de la santé
Enseignement:
- 2015-2017 (132h) : Chargée de TD « tutorat » auprès d’étudiants de Licence en Sciences Humaines et Sociales à l’Université Paris Descartes (niveau L1)