Mes travaux de recherche sont à la croisée d’une socio-anthropologie des migrations, du travail, de l’État. À partir de différents objets, j’interroge les politiques publiques et sociales au prisme des migrations. Plus précisément, j’étudie les manières dont les articulations de l’emploi et du travail aux rapports sociaux de classe, de genre, d’âge et de « race » prennent place et corps. L’attention que je porte à l’analyse des politiques publiques et sociales en matière d’emploi et de migration me permet ainsi de questionner les versants normatif et méritocratique de ces politiques comme principes structurants du travail et des pratiques professionnelles que cela soit le fait de populations (travailleurs sans-papiers, mineur·es non accompagné·es), d’agent·es de l’État (fonctionnaires, travailleurs·ses socoiaux·ales), ou de soutiens à la « cause immigrée », comme les syndicats, ainsi que les effets sur les trajectoires de vie des individus.

Principaux thèmes de recherche
  • Migration : Migrations de travail, politiques migratoires, mobilités et circulations migratoires
  • Travail : Salariat, marchés du travail, travail migrant, salariat bridé,
  • Genre : masculinités
  • Mobilisations : Action collective, grèves, syndicats, luttes de l’immigration
  • État : Anthropologie politique, action publique, dispositifs institutionnels et publics,
  • Méthodes : Ethnographie, cartographie sensible, archives (Sonal), données quantitatives (SASS/SPSS)
Terrains de recherche
  • Maroc (Rabat, Casablanca, Agadir)
  • France (Départements de Paris et de Seine-Saint-Denis)
  • Burkina Faso (Ouagadougou)
  • Népal (Katmandou)
Formation universitaire
  • Thèse de doctorat soutenue le 23 novembre 2016, mention « Très honorable », sous la direction de Catherine Agulhon. Jury composé de : Claudine Dardy (rapporteur), Eric Le Breton (rapporteur), Olivier Schwartz (président du jury), Cécile Canut, Mahamet Timera.
  • 2011 Master Professionnel en Sciences de l’Education, spécialité Coopération internationale en Education et Formation - Université Paris Descartes (France)
  • 2009 Master Recherche en Ethnologie et Sociologie comparative - Université Paris X Nanterre (France)
  • 2007 Maîtrise en Ethnologie et Sociologie comparative - Université Paris X Nanterre (France)
  • 2006 Licence 3 en Ethnologie et Sociologie comparative - Université Paris X Nanterre (France)
Thèse

Titre de la thèse : Ce que le « Dispositif » fait au « Travailleur Sans-papiers ». Analyser l'emploi et les rapports à l'emploi de migrants dits sans-papiers originaires de la vallée du fleuve Sénégal, à Paris, au prisme de la régularisation exceptionnelle au titre du travail

Résumé de la thèse :
La présente recherche entend analyser les emplois occupés par des migrants « sans-papiers », originaires majoritairement de la vallée du fleuve Sénégal, à Paris, à la lumière des processus de régularisation par le travail dont ils sont l’objet. En mobilisant les notions d’« identités de papiers » (Dardy [1991] 1998 ; Noiriel, 1998, 2007 ; Bruno, 2010) et d’« interstices de jeu », la thèse, basée sur une approche sociologique qualitative et inductive, cherche à mettre à jour les mécanismes et logiques à l’œuvre dans la mise au travail d’une population particulière qui est celle d’étrangers en situation irrégulière. Aussi, l’absence d’un titre de séjour en règle a-t-il pour effet la mise en relation de ces migrants avec des secteurs d'emploi déterminés dans un espace économique particulier, et pour lesquels les emplois observés relèvent du marché du travail dit secondaire, voire exogène, aux formes d’emploi précaires et instables. Si les migrants rencontrés acceptent ces emplois précaires et quelque peu dévalorisés, c’est parce que le travail (et le salariat qu'il permet) définit les situations migratoires observées. Pour autant, l’adéquation entre une offre et une demande de travail tire en partie sa légitimité de l’État français. Aussi, les processus de régularisation par le travail en viennent-ils à déterminer partiellement la rencontre entre cette offre et cette demande de travail, la justifier en la normalisant pour partie. Du reste, si l’État en vient à légitimer cette rencontre, c’est aussi au moyen d’une récupération au profit d’une « instrumentation » (Lascoumes, 2003) de la figure du « Travailleur Sans-papiers », énoncée et revendiquée par la grève de 2008-2010. En somme, l'observation des situations d'emploi (notamment dans la répétition des postes occupés et des formes d'emploi) amène à considérer la constitution d'une population au travail, permise par la reconnaissance par l’État de la figure du « Travailleur Sans-papiers ». Les procès de régularisation au titre du travail dessinent la figure du « Travailleur Sans-papiers » et décident si l'étranger en situation irrégulière peut être régularisé par le travail ou non, par le jeu de catégorisations que produit l’État. Et la thèse défendue est la suivante : l’emploi des migrants « sans-papiers » s’arrime à des logiques économiques qui assurent la mise en place et la permanence de formes d’emploi particulières. Ces formes d’emploi se nourrissent de la précarité des postes occupés et de la relation salariale contractée. Dans le cas des migrants rencontrés, elles renvoient à la production de formes d’infra-citoyenneté, sous-tendues par des logiques politiques (dans la gestion des flux migratoires et des politiques de main-d’œuvre) que la régularisation par le travail vient couronner. La figure du « Travailleurs Sans-papiers » telle que l’a promue la grève de 2008-2010, mais reprise dans les processus de régularisation au titre du travail, est alors l’archétype du travailleur régularisable et le travail des sans-papiers en est sa logique-même. Ils sont tous deux déterminés par un dispositif singulier de biopolitique.

Mots-Clefs : Afrique subsaharienne, emploi et forme d'emploi, marchés du travail, migrations irrégulières, processus de régularisation, travailleur sans-papiers.

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