Depuis novembre 2024, Camille ROUDAUT est docteure en sociologie. Sa thèse, réalisée sous la direction d’Elsa Ramos, porte sur le processus d’individualisation des jeunes anciennement placés dans les institutions de la protection de l’enfance, notamment dans les foyers et/ou les familles d’accueil. À partir d’un corpus d’entretiens semi-directifs compréhensifs menés auprès de personnes anciennement placées, elle analyse les conditions de la construction de la singularisation pendant une mesure de placement, et étudie la manière dont celle-ci reconfigure, ou non, les relations avec les professionnels (éducateurs/éducatrices de foyer, et/ou familles d’accueil) à la sortie des dispositifs.
Depuis février 2025, à l’Injep, elle mène une recherche sur le Brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur (BAFA), centrée sur les rapports d’âge et de génération dans les relations qui se créent tout au long de la formation entre les stagiaires et les équipes de formation, les enfants accueillis, ainsi que les équipes de direction et d’animation des Accueils collectifs de mineurs (ACM).
Titre de la thèse :
Thèse de doctorat en sociologie, soutenue le 26 novembre 2024 à l’Université Paris Cité, intitulée « Devenir quelqu’un par la singularisation de la relation. Le vécu d’anciens enfants placés dans le département du Finistère »
Composition du jury :
- Gaëlle Castrec, Chargée d’études à l’Observatoire national de la protection de l’enfance (Paris, France), Responsable scientifique de la CIFRE (2019-2022), Membre invitée
- Christophe Giraud, Professeur des Universités en Sociologie à l’Université Paris Cité (Paris, France), Examinateur et Président du jury
- Hélène Join-Lambert, Professeure des Universités en Sciences de l’éducation à l’Université Paris Nanterre (Nanterre, France), Examinatrice
- Laura Merla, Professeure de Sociologie à l'Université catholique de Louvain (Louvain-la-Neuve, Belgique), Examinatrice
- Elsa Ramos, Maîtresse de conférences HDR en Sociologie à l’Université Paris Cité (Paris, France), Directrice de la thèse
- Pierrine Robin, Professeure des Universités en Sciences de l’éducation à l’Université Paris Est Créteil (Créteil, France), Rapporteure
- Gilles Séraphin, Professeur des Universités en Sciences de l’éducation et de la formation à l’Université Paris Nanterre (Nanterre, France), Rapporteur
Résumé de thèse
Cette recherche doctorale s’intéresse au processus d’individualisation des anciens enfants placés, en prenant appui sur les relations nouées ou non avec les professionnels qui les ont accompagnés pendant et, pour certains, après la mesure de placement : éducateurs et éducatrices de foyer et/ou assistantes familiales. À travers une enquête qualitative (entretiens semi-directifs auprès de 41 jeunes anciennement placés, observations ponctuelles dans des lieux de placement, discussions avec des professionnels des foyers et entretiens menés avec des assistantes familiales entre 2016 et 2018), cette thèse a cherché à comprendre comment la construction identitaire se pense lorsqu’elle n’est pas assurée par des parents mais par des professionnels. Le placement, comme la famille, confronte les adultes à une même tension : prendre en compte les besoins et les spécificités de chacun des enfants, les aider à devenir « uniques », tout en respectant la « règle de l’égalité de traitement » entre les enfants. Les pratiques des professionnels qui accompagnent les enfants sont guidées par une logique d’accompagnement éducatif individualisé tout en tenant une logique d’indifférenciation entre les enfants accueillis. Ils sont ainsi pris dans une tension entre deux normes : celle de la singularisation et celle de l’égalité de traitement. Dans le cadre du placement, cette tension est renforcée par la présence d’autres contraintes telles que : la norme de la « bonne distance » entre les professionnels et les enfants placés, le caractère provisoire de la mesure, le nombre d’enfants accueillis au sein d’un même lieu de placement. Les questions qui ont guidé cette recherche sont les suivantes : dans quelle mesure les anciens enfants placés dans le département du Finistère se construisent, ou non, en tant qu’individus singuliers dans le cadre du placement en famille d’accueil et/ou en foyer, et dans quelle mesure cette singularisation redéfinit les relations après la mesure de placement ? Dans cette recherche, quatre types de relations sont analysés. Trois sont maintenus : une relation « professionnalisée », une relation « personnalisée » et une relation « personnalisée-professionnalisée ». Un type de relation n’est pas maintenu, il est appelé « à l’arrêt ». Par l’intermédiaire de cette typologie, cette thèse montre que, ce qui se construit pendant le placement ne présage pas toujours du devenir des relations.
Thèmes de recherche
- Jeunesse
- Protection de l’enfance
- Famille
Formation
- 2019-2024 : Doctorat en Sociologie, Université Paris Cité, CERLIS.
Juillet 2019 – septembre 2022: Contrat CIFRE au sein du Conseil Départemental du Finistère, Observatoire Départemental de la Protection de l’Enfance (ODPE 29) - 2016 ‒ 2018 : Master Sociologie d’Enquête (mention « bien »), Université Paris Descartes
- 2013 – 2016 : « Cursus unique à double validation » : Diplôme d’État d’éducateur spécialisé (DEES) et Licence Sciences sanitaires et sociales (mention «assez bien»), Institut Régional du Travail Social (IRTS) de Montrouge en partenariat avec l’Université Paris 13