Mes travaux portent d’un côté sur la notion de réseau selon une perspective pluridisciplinaire visant à reconstituer ses conditions d’émergence et de diffusion tant sociales que scientifiques, pour en saisir les avatars historiques et les enjeux contemporains. D’un autre côté, mes recherches relèvent de la sociologie militaire et s’intéressent aux liens existant entre l’institution, la construction des identités et la seconde modernité.

 

Thèmes de recherche :

1/ Le soldat-individu. Culture militaire et modernité. Cette recherche entend saisir les articulations existant entre les différentes dimensions de l’identité militaire : la culture (savoir-être), le métier (savoir-faire) et le combat (savoir-agir), à partir d’une critique des différentes théories de la culture militaire et de l’opposition classique culture/métier (Janowitz, Moskos) qui structure le champ de la sociologie militaire. La culture militaire s’inscrit dans un processus de socialisation négociée en permanence et s’avère être l’une des variables d’ajustement du sentiment et du désir individuels d’appartenance durable, pour entrer comme un élément de l’évaluation permanente des satisfactions et privations personnelles qu’entraîne l’engagement. L’orientation retenue consiste à privilégier une étude pluriparadigmatique de la culture militaire pour en appréhender ses différentes manifestations empiriques et niveaux de significations (statut, ressource, symbole…), tout en la rattachant à une hypothèse constructionniste de l’identité militaire à partir de l’échelle d’observation fournie par le quotidien. Sur cette base, les processus d’individualisation en œuvre et ses différents supports et indicateurs sont rapportés à la seconde modernité en vue de saisir les enjeux propres à ce passage par rapport aux missions particulières qui sont assignées à cette institution et aux impératifs fonctionnels et attentes comportementales qui en découlent. La question de la reconnaissance tant des personnels militaires que de l’institution militaire en son entier s’avère un élément central de l’identité et de la satisfaction d’être militaire et témoigne ainsi du passage des armées à la seconde modernité. L’armée est contrainte d’intégrer cette nouvelle donne, comme en témoignent l’évolution et l’orientation de ses campagnes de communication vers des thématiques identitaires.

Mots-clés : armée, reconnaissance, institution, culture, profession, modernité, individualisation, identité, engagement

2/ Réseaux et modernité. A l’interface de la sociologie de la communication, de la connaissance et de l’histoire de la pensée sociologique, cette recherche porte sur la notion de réseau, à partir d’un triple questionnement initial : quand, comment et pourquoi cette notion émerge-t-elle et se diffuse-t-elle en société ? La reconstruction des étapes d’émergence de la notion s’apparente d’un point de vue conceptuel à une dégradation, à une perte de sens de la notion à mesure de sa diffusion sociale : concept d’abord, outil socio-technique ensuite et métaphore enfin.

Au moment où cette notion fait l’objet, a fortiori depuis l’internet, d’une utilisation toujours plus exponentielle dans le langage tant ordinaire que savant, il s’agit aussi d’en clarifier les différents usages et de préciser les termes de sa vocation et de son destin social ainsi que la réponse conceptuelle qu’elle offre à l’analyse de la modernité pour expliquer son recours et son succès actuel. Cette recherche montre que parallèlement au courant dominant de la sociologie des réseaux sociaux (Network Analysis), il existe une autre tradition sociologique du réseau qui se construit selon une histoire et une épistémologie en partie communes à ce dernier tout en s’en séparant par la définition et l’usage qu’elle fait de cette notion. Enfin, inscrite dans une théorie du changement social, le réseau se présente comme la forme d’organisation souvent conçue comme la plus « naturelle », la mieux adaptée à la modernité démocratique et à la réalisation de ses idéaux individualistes, pour autoriser cette dialectique entre autonomie et dépendance, entre individualisation et participation ou intégration sociale.

Mots-clés : réseau, communication, modernité, connaissance, network analysis

Principales publications
  • LETONTURIER, Eric (dir.), 2015, Le XXème siècle saisi par la communication, vol. 2 : ruptures et filiations, n° 71, CNRS Éditions.
  • LETONTURIER, Eric (dir), 2014, Le XXème siècle saisi par la communication, vol. 1 : les révolutions de l’expression, n°70, CNRS Éditions.
  • LETONTURIER, Eric, (dir.), 2013, Les utopies, Paris, CNRS Éditions, coll. Les Essentiels d’Hermès.
  • LETONTURIER, Eric, (dir.), 2012, Les réseaux, Ed. du CNRS, coll. Les Essentiels d’Hermès.
  • LETONTURIER, Eric, (dir.), 2011, « Valeurs, métier et action : évolutions et permanences de l'institution militaire », L’Année Sociologique, vol. 61.
Activités d’enseignement 
  • Théorie et raisonnement sociologique
  • Sociologie politique
  • Sociologie des organisations
  • Sociologie de l'autorité, de la sécurité et des professions du contrôle social
  • Sociologie de la communication et des réseaux
Responsabilités
  • Responsable de la Licence 1 sciences sociales Université Paris Descartes
  • Responsable de la collection "Les Essentiels d'Hermès", CNRS Éditions.
  • Responsable de la collection « Communication", CNRS Éditions.
  • Membre du comité de rédaction chef de la revue Hermès.
  • Co-initiateur en 2011 du blog Sociologies militaires : Sécurité, armées et société, http://sociomili.hypotheses.org/.
  • Membre du comité de rédaction de la revue internationale électronique Res militaris
  • Correspondant de la revue du Comité pour l’histoire du CNRS, Histoire de la recherche contemporaine.
Pour en savoir plus :

https://univ-paris5.academia.edu/LetonturierEric
Letonturier CV actualise nov. 2015

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