Issu d’un parcours de recherche en études cinématographiques et d’une formation professionnelle en production filmique, je m’intéresse aujourd’hui de près à la diversité des dynamiques productives du secteur audiovisuel. Curieux d’appréhender l’état de la création artistique par l’image à l’ère des réseaux et plateformes numériques, mon travail de thèse est l’occasion d’une exploration approfondie de ce milieu qui m’est familier. Mon approche sociologique puise également dans les sciences de l’information et de la communication, l’économie de l’audiovisuel et l’histoire de l’art.

Titre provisoire de la thèse

Les contenus audiovisuels à l'ère numérique et leurs producteurs: de la personnalisation des usages à la reconfiguration des dynamiques créatives.

Projet de recherche

Dans le contexte d’une diffusion audiovisuelle numérique multi-supports et de plus en plus personnalisée, cette thèse entend explorer la relation entre l'intentionnalité créatrice des producteurs audiovisuels et la forme effective que revêtent leurs productions au moment de leur diffusion. Autrement formulé, on s’intéressera au lien entre le processus créatif des contenus audiovisuels d’une part, et leur existence esthético-symbolique – leur existence en tant qu’œuvres – dans l’environnement numérique de diffusion d’autre part. A l’ère des contenus, peut-on toujours parler d’œuvres ? Une interrogation centrale à laquelle l’étude du processus énonciatif des productions audiovisuelles fictionnelles, combinée à l’analyse textuelle et communicationnelle de celles-ci, devra nous permettre de répondre.

Ce travail entend ainsi articuler une analyse des dynamiques de production et des contenus produits afin de saisir un panorama de notre actuelle « vidéosphère » (Régis Debray, 1992). Celle d’un environnement médiatique convergent autorisant la rencontre de logiques créatives multiples, pour former un réservoir d’imaginaire hétérogène et hautement versatile. Dans ce contexte de convergence, alors que les contenus ont théoriquement la possibilité de s’autonomiser vis-à-vis de leurs émetteurs, on s’attachera au contraire à questionner la place et la visibilité des instances énonciatrices de ces contenus.

Plus spécifiquement, il s’agit pour nous de comprendre comment s’élabore – et même comment se négocie – l’énonciation des contenus audiovisuels à l’ère numérique. Via le point d’entrée que constituent les producteurs, c’est bien l’articulation entre les étapes d’écriture, de production et de diffusion dans l’environnement audiovisuel numérique qu’il nous importe de mettre en lumière. En questionnant de la sorte la dimension énonciative des contenus, nous serons à même de saisir les dynamiques d’une certaine création audiovisuelle contemporaine, et, partant, de mieux comprendre les « régimes d’image » qui organisent aujourd’hui notre environnement audiovisuel et contribuent à structurer notre imaginaire.

Cette recherche se veut donc une exploration des liens et négociations continuelles entre les structures médiatrices/médiatiques (qui conditionnent dans une certaine mesure la lecture des contenus) et l'intentionnalité créatrice des individus producteurs de contenus. Il s’agit en définitive de comprendre dans quelle mesure les instances énonciatrices sont contraintes par les espaces de communication dans lesquels s’exposent les contenus, et par les réseaux de coopération créative par lesquels elles y accèdent. En d’autres termes, comment le travail créateur, partagé entre les différents acteurs de l’énonciation que sont l’auteur, le producteur, le diffuseur, voire le distributeur, compose-t-il avec l’ensemble des contraintes du « monde de l’art » de l’audiovisuel ?

Alors qu’une certaine mouvance postmoderniste théorise pour nos sociétés ce qu’on a pu qualifier de crise du symbolique, que la crise plus particulière de la médiation audiovisuelle traditionnelle semble d'ailleurs attester, toute notre recherche consiste donc à analyser le travail pour ainsi dire de « résistance » énonciative et symbolisante des producteurs de contenus. S’intéresser au travail de l’instance énonciatrice, c’est en effet postuler la permanence de la transmission symbolique, ou tout du moins d’une certaine volonté symbolisante. En somme, si la désacralisation de l'image est entropie, c’est bien la résistance néguentropique des producteurs d’œuvres audiovisuelles qu’il s’agit ici de documenter.

Pour saisir, donc, ce qu’il reste de la prescription, de l’édition, de la « labellisation » symbolisante de la création, il nous faudra catégoriser les différents types de producteurs du secteur audiovisuel, tel que s'y entremêlent d’une part logiques industrielles et logiques amateurs ; d’autre part logiques « d'audience », logiques « artistiques », et logiques « d'expression personnelle ». Le milieu audiovisuel s’avère en effet particulièrement poreux en termes de segments productifs. Il s'agira de questionner cette porosité créative et de confronter les différentes logiques de création – et avec elles les différents régimes d’image – qui se partagent l'environnement numérique et qui forment notre culture audiovisuelle. Ces logiques s'entremêlent-elles réellement où coexistent-elles simplement ? Y-a-il une convergence créative associée à la convergence médiatique ? Dans quelle mesure ?

Bien qu’on ne saurait aujourd’hui nier la persistance d’une culture télévisuelle, il est clair que l’imaginaire audiovisuel ne se construit plus seulement par le haut, via les réseaux de télévision et les salles de cinéma. Cet imaginaire semble produit désormais plus horizontalement et surtout de façon plus fragmentée. Il est tout du moins l’affaire d’une négociation complexe entre des parties prenantes de plus en plus nombreuses. C’est de ce nouvel état de fait dont nous nous proposons de faire l’analyse. À l’ère numérique, et à l’ère « singulariste » (Danilo Martuccelli, 2010), qui sont désormais nos « artisans de l’imaginaire » (Monique Dagnaud, 2006) ? Comment se partage le sensible (Jacques Rancière, 2000, 2003) dans une époque de convergence ? Quel est l’état de notre culture audiovisuelle, et avec elle de notre imaginaire, à l’heure du déficit symbolique de nos sociétés modernes (Marc Augé, 1997) ? Autant de questionnements ouverts par cette recherche. Ce travail s'inscrit avant tout dans la sociologie, mais s’appuie également sur les sciences de l’information et de la communication, l’histoire de l’art, et l’économie de l’audiovisuel.

Activités d'enseignement
  • 2016-2017 : "Industrie et création audiovisuelle à l'ère numérique" – CM aux L3 Communication et multimédia, Université de Haute-Alsace, 20h.
  • 2016-2017 : "Histoire du Cinéma - Réalismes et modernité de 1895 aux années 60" – CM aux L3 Communication et multimédia, Université de Haute-Alsace, 10h.
  • 2016-2017 : "Atelier projet" – TD aux L3 Communication et multimédia, Université de Haute-Alsace, 6h.
Formation
  • 2014 - 2015 : Master 2 Professionnel en Coproduction internationale d’œuvres cinématographiques et audiovisuelles – Mention Bien
  • 2013 – 2014 : Master 1 Recherche en Etudes cinématographiques – Mention Très Bien
  • 2010 - 2013 : Licence en Arts du spectacle et audiovisuel – Cinéma – Mention Bien

 

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