Les recherches en sociologie d’Aude Danieli portent sur l’émergence, les mécanismes de modélisation technologique, de diffusion et de contestation des outils de quantification dans le secteur de l’énergie tels que les compteurs communicants d’électricité nouvelle génération « Linky » : modèles de conception, appropriations concrètes dans les sphères organisationnelles, territoriales et domestiques, ressorts médiatiques et politisations. À l’université Paris Est Marne-la-Vallée, elle enseigne la sociologie économique, la sociologie des TIC ainsi que les méthodes qualitatives.

Thèmes de recherche
  • Sociologie des sciences et des techniques en société
  • Sociologie du numérique
  • Sociologie de l’énergie
  • Sociologie des outils de quantification
  • Sociologie économique
  • Méthodologies d’enquête
Principales publications
  • DANIELI, A., 2018, La « mise en société » du compteur communicant. Innovations, controverses et usages dans les mondes sociaux du compteur d’électricité en France, thèse de sociologie, Université Paris-Est, 592 p.
  • “The French electricity smart meter: reconfiguring consumers and providers” in Infrastructure in practice: the evolution of demand in networked societies, Elisabeth Shove, Frank Trentmann, Routledge (eds.), London, New York, p. 155-167. Version paperbook, hardback et e-book.
  • 2018, « Le compteur Linky bientôt chez vous ». Les régulations de proximité à l’épreuve de nouveaux mécontentements locaux, in L’atelier des usages de l’énergie. Anthropologie d’une transition en cours, coord. Hélène Subrémon, Nathalie Ortar, p. 151-172, Éditions Pétra, Paris.
  • De la résurgence des controverses contre le compteur Linky en phase de généralisation et ses conséquences sur la mise en œuvre des projets d’offres et de services de l’énergie, EDF Lab, février 2017, 20 p.
  • Concevoir le compteur Linky et ses usages : la construction morale des marchés, des datas et des technologies numériques, EDF Lab, janvier 2017, 99 p.
  • 2016, La « mise en société » du compteur d’électricité communicant Linky. Enseignements sociologiques de la trajectoire d’innovation d’un outil de régulation économique in Pratiques sociales et usages de l’énergie, coord. Isabelle Moussaoui et Magali Pierre, p. 123-136, Éditions Lavoisier, Paris.
Activités de recherche et responsabilités
  • ATER en sociologie à l’université Paris Est (2018/2019 ; 2017/2018)
  • Membre du comité d’expert national du débat participatif Linky, Les Cahiers de la Ville responsable en partenariat avec ENEDIS. (2018/2019)
  • Ingénieure d’études à l’université Paris-Est. Contrat de partenariat CNRS/LATTS/EDF Lab Paris Saclay (2017)
  • Doctorante en sociologie à l’université Paris-Est Marne-la-Vallée, Laboratoire Techniques Territoires et Sociétés (LATTS). Sous convention CIFRE de 3 ans LATTS/EDF Lab Paris Saclay (2013-2016)
  • Enseignante vacataire pour la licence de sociologie, Université Paris Est Marne-la-Vallée (2015)
  • Ingénieure d’études. Convention de partenariat EDF Lab Paris Saclay/UPEM (2012/2013
  • Coorganisatrice et coanimatrice du séminaire de recherche de sciences sociales « Infrastructures numériques » (pendant 2 ans, 2015-2017) au sein du Laboratoire Techniques, Territoires et Sociétés avec Hélène Ducourant, maîtresse de conférences en sociologie, UPEM.
  • Représentante des doctorants au Conseil de laboratoire, Laboratoire Techniques, Territoires et Sociétés (mandat de 2 ans 2014-2015 ; conseil mensuel)

 

Thèse

La « mise en société » du compteur communicant. Innovations, controverses et usages dans les mondes sociaux du compteur d’électricité Linky en France

  • Thèse en sociologie soutenue le 30 novembre 2018 sous la direction d’Olivier Coutard, DR CNRS (LATTS). Composition du jury : Sandrine BARREY (MCF Toulouse Jean-Jaurès), Cécile CARON (encadrante CIFRE, IR en sociologie, Groupe de recherche Énergie, Technologie et Société EDF Lab), Éric DAGIRAL (MCF Paris Descartes), Gérald GAGLIO (rapporteur, PR Nice Sophia Antipolis), Benoit LELONG (président du jury, PR Paris 8), Thomas REVERDY (rapporteur, MCF INP Grenoble)
  • Prix spécial du jury de l’Université du Conseil général du Val-de-Marne 2019 ; Finaliste pour le Prix de thèse de l’École des Ponts ParisTech 2018
  • Résumé :

Si le numérique transforme le secteur de l’énergie, l’ampleur et les formes prises par cette évolution restent à étudier. La conception du compteur communicant Linky a été accompagnée dès 2005 de nombreuses tentatives de redéfinition des conduites individuelles, prônant l’avènement d’un « consommateur intelligent » (smart consumer), qui repose à la fois sur une logique d’ouverture des marchés de l’énergie et sur un principe d’économie et de transition énergétique. Or, l’installation de cette nouvelle technologie, déjà installée dans de nombreux autres pays depuis le début des années 2000, fait débat, et ce, depuis son lancement expérimental en 2010.
Contre une rationalité sans lieu et sans histoire du compteur Linky, cette thèse en sociologie de l’innovation propose d’analyser les formes de politisation et les modalités d’appropriation que suscitent la conception, la réception et le fonctionnement de cette nouvelle technologie. Cette étude met en évidence que les qualifications du compteur Linky dépassent les espaces de conception : le sens et les appropriations se construisent au sein des mondes so- ciaux parties prenantes du compteur Linky. À chacune des étapes d’innovation dans les mondes sociaux étudiés du compteur Linky, de nouvelles controverses apparaissent, s’articulant autour de débats en apparence très éloignés les uns des autres. Le compteur Linky, en tant qu’infrastructure de numérisation du monde de l’énergie, agit ainsi comme un révélateur de nouvelles interrogations, à l’aune de débats contemporains sur la consommation, la santé, et le numérique, tels que négociés par plusieurs « entrepreneurs de cause », qu’ils soient professionnels ou non (défenseurs de la protection des données personnelles, collectifs électrohypersensibles, promoteurs de la transition énergétique, militants de l’ouverture des données personnelles, personnels de terrain). Omniprésente, les figures de l’usager et du citoyen n’ont de cesse d’être invoquées au sein de ces régimes de dénonciations : usager acteur de ses consommations, précaires énergétiques, victimes sanitaires, per- sonnes dont la vie privée est atteinte, etc.
Braquer le projecteur sur la nouveauté du compteur Linky ou les controverses médiatiques qu’il suscite masque en partie l’ensemble des régulations à l’œuvre opérées par les mondes sociaux du compteur Linky : la thèse montre que les dynamiques de controverses sont liées à des spécificités locales (histoire sociopolitique des territoires ; réseaux associatifs et politiques ; caractéristiques des parcs de compteurs analogiques). L’étude de la relation de service des professionnels de terrain/clients montre également le poids des régulations de proximité : après une intense phase de résolution de litiges, les professionnels vont resserrer le sens et les usages de l’infrastructure dans le cadre d’une relation de service pacifiée autour de la figure d’un client honnête tenu à distance de son infrastructure de comptage.  Le compteur Linky — ce qu’il devrait être, ce qu’il devient finalement — donne à voir une pluralité de modèles de société (société sobre en économies d’énergie, société « connectée », etc.). C’est à l’analyse de ce processus, de cette « mise en société », présidant la transformation et l’adaptation du compteur Linky, que cette thèse est consacrée.
Cette recherche, en partenariat avec le Groupe de Recherche Énergie Technologie et Société (EDF Lab), s’appuie sur près de 135 entretiens et des observations ethnographiques (en Île-de-France, dans le sud-ouest, en Indre-et- Loire et dans la métropole lyonnaise), menés avec l’ensemble des parties prenantes, de la conception et de la diffusion, sur l’étude de deux terrains contrastés d’expérimentation du compteur Linky, ainsi que d’analyses de contenus médiatiques et d’archives historiques des entreprises de l’énergie.

  • Mots-clés : appropriations, énergie, controverses, politisations, compteur communicant, réseau intelligent, client, données

 

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