Lors du Conseil de laboratoire du 4 février 2025, cette motion a été votée à l'unanimité:
"En tant que membres du Cerlis, nous refusons avec force la mise en place du label « key labs » que la direction du CNRS entend attribuer, selon des critères opaques, à une minorité d’entre nous au détriment de tous les autres. Depuis des années, nous subissons des décisions de cette sorte, qui renforcent la concurrence plutôt que la collaboration, qui précarisent de plus en plus nos métiers, qui rendent de plus en plus absurde et bureaucratique notre monde professionnel.
La concentration des ressources du CNRS dans 25% de ses laboratoires, outre le fait qu'elle masque la baisse du financement de la recherche sous couvert de mise en concurrence, aurait pour conséquence de faire péricliter tout ce qui n’y serait pas absorbé. Les 75% restants seraient, de manière mécanique, encore plus appauvris et abandonnés au dysfonctionnement chronique qu’ils ne le sont déjà, vidés d’une partie de leurs personnels, dans l'impossibilité d'en recruter de nouveaux (IT comme chercheur·es), stigmatisés sur le plan institutionnel parce que non labellisés. Leurs membres, en particulier celles et ceux qui seraient dans l’impossibilité de rejoindre un « key lab » se trouveraient aussi individuellement stigmatisé·es et verraient leurs conditions de travail rapidement dégradées, qu'ils et elles soient agent·es du CNRS ou non. Les conséquences en chaîne d’une telle politique sur les universités et leurs propres personnels, spectateurs de la destruction subite d'UMR patiemment construites au fil des années, seraient calamiteuses. Les universités seraient alors amenées à devoir pallier le désengagement du CNRS pour tenter de préserver les laboratoires dans lesquels leurs personnels sont impliqués, mais ne le pourraient pas, étant déjà exsangues financièrement.
Nous tenons à manifester notre opposition résolue à un tel projet - opposition que nous savons très largement partagée. Attachée à une recherche publique, nationale et plurielle, l'UMR Cerlis se prononce contre la politique des Keylabs, qu'entend imposer sans concertation la direction du CNRS, et qui concentrerait les moyens financiers et humains sur quelques unités accentuant encore les hiérarchies et la mise en concurrence stérile entre unités de recherche."