Soutenance de thèse de Sophia Salabaschew "La migration des Silences (Bulgarie-France). Mise en récits du non-dit de l'Histoire communiste à son impossible transmission familiale" sous la direction de Cécile Canut, le 30 novembre à 15h en salle des thèses, Bâtiment Jacob (CUSP).
Composition du jury:
- AKIN SALIH, MCU-HDR Université de Rouen (Rapporteur)
- TODOROV ANTONY, PROFESSOR NEW BULGARIAN UNIVERSITY (Rapporteur)
- LEGUY CECILE PU, Université Paris 3
- MOUSSAKOVA SVETLA, MCU-HDR Université Paris 3
- VRINAT NIKOLOV MARIE, PU, INALCO
- CANUT CECILE, PU, Université Paris Descartes
Résumé de la thèse:
Cette recherche se propose d’examiner, grâce aux outils et aux méthodes de l’anthropologie de la parole et de l’analyse discursive des récits de vie, la transmission des silences et des non-dits au sein de familles dont un membre est issu de la migration de la Bulgarie communiste. À partir d’un ensemble de récits de vie qui se composent de conversations avec les membres de douze familles dans lesquelles un des parents a émigré en France avant 1989, et d’une observation participante de trois années dans une classe de licence de bulgare à l’Inalco, les analyses s’organisent autour de trois axes de réflexion : les liens entre l’histoire socio-politique traversée et les histoires particulières vécues ; ceux entre la transmission et la réception d’une parole marquée par le silence ; ceux entre l’intégration d’un héritage oral et silencieux et l’extériorisation d’une performativité singulière. Outre les histoires familiales, des silences et des non-dits sont transmis par une génération élevée dans la censure et l’autocensure du régime totalitaire. Ce père ou cette mère ayant grandi dans un silence forcé, renvoie à ses enfants, à travers les récits de vie, bien plus que des mots et des paroles. Ce travail a pour but d’éclairer la façon dont les événements historiques vécus subjectivement conditionnent les récits de vie familiaux mais plus encore déterminent bien des manières de faire et de dire des enfants, constituant une seconde génération du silence qui n’a rien à perdre à le mettre en mots, et même à le crier haut et fort.
Mots Clés :
Migration, récit de vie, Bulgarie, histoire communiste, silences, non-dits, censure, transmission familiale
Abstract:
The migration of silences (Bulgraria-France). Narrating the unspoken: Communist History and its impossible family transmission.
Using the tools and methods of anthropology of speech and discursive analysis of life stories, this research aims to examine the transmission of silences and the unspoken (non-dit) within families in which a member migrated from
Communist Bulgaria. Based on several life stories stemming from conversations with members of twelve families in which one parent emigrated to France before 1989, and on three years of participant observation in an undergraduate Bulgarian class at the National institute for oriental languages and civilizations (INALCO), analyses are carried out around three foci: the study of links between socio-political history as it is crossed by particular life stories; those between the transmission and the reception of discourses marked by silence; those between the integration of an oral and silent heritage and the acting out of singular performativity. Besides family history, silences and the unspoken are transmitted by a generation raised under censorship and selfcensorship within that particular totalitarian regime. Through these life stories a father or a mother raised in a context of forced silence indeed sends back much more than just words and talk to their children. This thesis aims to shed light on the way subjectively experienced historical events condition family life stories or even how they determine the way children do things and say things, thereby constituting a second generation that has nothing to lose in talking about this silence, or even to shout it loud and clear.
Key Words :
Migration, life stories, Bulgaria, Communist History, silences, unspoken, censorship, family transmission