Le 15 décembre 2022 – Soutenance de thèse de Richard Guedj 

Soutenance de thèse de doctorat en sciences du langage de Richard Guedj, réalisée sous la direction de la professeure Cécile Canut (Cerlis) et intitulée:

Discours vers l’autre rive. Un parcours d’écoute de la signifiance dans des discours et récits d’Alya

La soutenance est publique et aura lieu le jeudi 15 décembre 2022 à 14h, dans la Salle de conférence (R229) du Campus Saint-Germain-des-Prés.

Le jury sera composé de :
Cécile Canut, professeure, Université Paris Cité (Directrice)
Serge Martin, professeur émérite, Université Sorbonne-Nouvelle (Rapporteur)
Galia Yanoshevsky, associate professor, Bar Ilan University (Rapportrice)
Alexandre Duchêne, professeur, Université de Fribourg (Examinateur)
Sandra Nossik, maîtresse de conférence, Université de Franche-Comté (Examinatrice)
Jacques Guilhaumou, directeur de recherche honoraire, ENS de Lyon (Membre invité)

La soutenance sera également accessible en visioconférence. Pour obtenir le lien de connexion, merci de faire votre demande par mail : richard.guedj@gmail.com

Pour les personnes sur place, la soutenance sera suivie d’un pot (salle à confirmer) auquel vous êtes chaleureusement convié.e.s.

Résumé de la thèse

Cette thèse en sciences du langage a pour objet des discours et récits liés à l’Alya, la migration juive vers Israël. A partir d’un corpus hétérogène en français, composé d’entretiens, d’écrits numériques et de publications qui prennent la forme de récits de vie et de migration, la thèse s’intéresse en particulier à la subjectivation et à la signifiance (Benveniste 1966, Dessons 2006) en jeu dans ces récits, à leurs effets éthiques et politiques, aux caractéristiques historiques du sujet du discours dans le cadre d’une pratique migratoire singulière.

En tenant l’hypothèse qu’à chaque théorie du langage correspond une théorie du sujet (Meschonnic 1982), nous abordons la subjectivation comme notion historique et mouvante, à la fois dialogique et rythmique, entièrement liée à une écoute (Martin 2017) : une manière d’analyser, de constituer un corpus, de concevoir ou non la pratique d’analyse du discours comme une forme de réénonciation. C’est cette singularité propre à chaque discours que la thèse se donne pour tâche de décrire.

D’abord sur un plan dialogique, la signification même de l’Alya comme pratique migratoire est chaque fois rejouée dans ce mouvement de subjectivation, que ce soit par la réénonciation de textes, notamment bibliques et liturgiques, ou encore par l’actualisation d’un interdiscours politique sioniste. La subjectivation se fait alors individuation, c’est-à-dire concrétisation, dans et par le discours de l’Alya, d’une certaine conception du sujet, de l’individu et de la société. Sur un plan rythmique, le continu discursif non seulement rend solidaire ce que sépare l’analyse, mais cette cohérence discursive transforme chaque niveau, de la prosodie à la macro-structure du texte (Adam 2005). Le rythme, à comprendre ici comme un faire, est une activité éthique (Yanoshevsky 2018), politique et poétique (Meschonnic 1982) qui déborde le strict sens des unités ou niveaux linguistiques isolés. Ce que Meschonnic appelle la signifiance, l’effet conjoint de tous les éléments signifiants du discours dans et par le rythme, invite à penser en termes de valeur plutôt que de sens, c’est-à-dire à resituer le sens dans son historicité, comme propre au mode de signifier de chaque discours (Dessons & Meschonnic 2018). À cet égard, parmi les pratiques discursives liées à l’Alya, le récit de vie constitue un mode de signifier privilégié. En étudiant le rythme du récit d’Alya, c’est-à-dire les marques de l’oralité et du continu discursif, mais aussi sa métrique, c’est-à-dire les structures qu’il reproduit (Revaz 2009), on peut alors montrer quelles sont les spécificités de la subjectivation du sujet de l’Alya, avec les enjeux éthiques et politiques qu’elle implique. Ce rythme propre à chaque récit d’Alya peut être ainsi décrit comme l’activité du sujet de l’Alya, une activité de resignification permanente de ce que veut dire « faire son Alya ».

L’introduction pose les bases méthodologiques d’un parcours d’écoute qui partirait d’une écoute empirique de la voix, et qui serait attentif à l’oralité du discours autant qu’à son organisation linguistique et textuelle. A partir d’entretiens et d’enquêtes de terrains, les chapitre 2, 3 et 4 explorent l’événement énonciatif et s’interrogent sur la matérialité discursive (Guilhaumou 2006, Nossik 2011) depuis les théories du vocal (prosodie, intonation) jusqu’à l’analyse du discours et une perspective archéologique. Le quatrième chapitre intègre ensuite les notions critiques de rythme et de signifiance pour penser le continu discursif et ses effets de sens. Enfin, à partir d’un corpus de récits d’Alya publiés (Schulmann 1990, Polivier 2012), le chapitre 5 décrit les implications et effets éthiques et politiques du récit de vie et du récit d’Alya, et tente, à partir de ces analyses, de définir ce que pourraient être les tenants et aboutissants d’une poétique du récit d’Alya.

Mot-clés : Analyse du discours, poétique, Alya, migration, récits de vie

Comments are closed.