A côté de travaux réguliers relevant de l’histoire de la pensée sociologique et des idées, mes recherches s’articulent autour de deux grands thèmes principaux.

  1. Premier thème de recherche : réseaux, communication et modernité. Contribution à une sociologie historique des formes sociales.

A l’interface de la sociologie de la communication, de la connaissance et de l’histoire de la pensée sociologique, cette recherche, porte sur la notion de réseau, à partir d’un triple questionnement initial : quand, comment et pourquoi cette notion émerge-t-elle et se diffuse-t-elle en société ? La reconstruction des étapes d’émergence de la notion s’apparente d’un point de vue conceptuel à une dégradation, à une perte de sens de la notion à mesure de sa diffusion sociale : concept d’abord, objet socio-technique ensuite et métaphore enfin. Cette recherche montre que parallèlement au courant dominant de la sociologie des réseaux sociaux (Network Analysis), il existe une autre tradition sociologique du réseau qui se construit selon une histoire et une épistémologie en partie communes à ce dernier tout en s’en séparant par la définition et l’usage qu’elle fait de cette notion.

Au moment où cette notion fait l’objet, a fortiori depuis l’internet, d’une utilisation toujours plus exponentielle dans le langage tant ordinaire que savant, il s’agit d’en clarifier les différents usages et de préciser les termes de sa vocation et de son destin social ainsi que la réponse conceptuelle qu’elle offre à l’analyse de la modernité pour expliquer son recours et son succès actuel. Inscrite dans une théorie du changement social, le réseau se présente comme la forme d’organisation la plus « naturelle », la mieux adaptée à la modernité démocratique et à la réalisation de ses idéaux individualistes, pour autoriser cette dialectique entre autonomie et dépendance, entre individualisation et participation ou intégration sociale. Autrement dit, mon hypothèse centrale consiste ici à considérer, à un niveau idéal-typique, le réseau comme cette forme permettant de donner à chacun « le moyen collectif de vivre une vie séparée ».

  1. Second thème de recherche : Le soldat-individu : culture et processus d’individualisation dans l’institution militaire

La recherche vise l’analyse des articulations existant entre les différentes dimensions de l’identité militaire : la culture (savoir-être), le métier (savoir-faire) et le combat (savoir-agir), à partir d’une critique des différentes théories de la culture militaire et de l’opposition classique culture/métier (Janowitz, Moskos) qui structure le champ de la sociologie militaire.

L’orientation retenue consiste à privilégier une étude pluriparadigmatique de la culture militaire pour en appréhender ses différentes manifestations empiriques et niveaux de significations (statut, ressource, symbole…), tout en la rattachant à une hypothèse constructionniste de l’identité militaire à partir de l’échelle d’observation fournie par le quotidien. La culture militaire s’inscrit dans un processus de socialisation négociée en permanence et s’avère être l’une des variables d’ajustement du sentiment et du désir individuels d’appartenance durable, pour entrer comme un élément de l’évaluation permanente des satisfactions et privations personnelles qu’entrainent l’engagement.

La recherche s’attache sur cette base à l’analyse plus vaste des processus d’individualisation et de ses différents supports et indicateurs pour les rattacher à la seconde modernité et à saisir les enjeux propres à ce passage par rapport aux missions particulières qui sont assignées à cette institution et aux impératifs fonctionnels et attentes comportementales qui en découlent. La question de la reconnaissance tant des personnels militaires que de l’institution militaire en son entier s’avère un élément central de l’identité et de la satisfaction d’être militaire et témoigne ainsi du passage des armées à la seconde modernité. L’armée est contrainte d’intégrer cette nouvelle donne, comme en témoignent l’évolution et l’orientation de ses campagnes de communication vers des thématiques identitaires.

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Thèmes de recherche :

sociologie de la communication et des réseaux ; sociologie des professions, organisations et institutions ; sociologie militaire (culture et métier) ; épistémologie et histoire de la pensée sociologique.

Principales publications récentes
  • Letonturier, Eric, 2023, « Le patriotisme au défi de la seconde modernité : l’exemple des armées », in Augé A. (dir.), Patriotismes et sociétés, Avon-les-Roches, Ed. Lamarque, p. 59-69.
  • Letonturier, Eric (dir.), 2023, S’élever, Inflexions, n° 52.
  • Letonturier, Eric, 2022, Le virtuel : envers et damnation du réel, Inflexions, n° 50, p. 25-33.
  • Letonturier, Eric, 2021, L’érudition face à la communication, Hermès, n° 87, p. 271-276.
  • Letonturier, Eric (dir.), 2021, Confiance et communication : une aporie démocratique, Hermès La Revue, n°88.
  • Letonturier, Eric, 2021, Secret 2.0, Inflexions, n° 47, p. 15-25.
  • Letonturier, Eric, 2020, « L’armée et la nation », in Zarka, Y-Ch. (dir.), La France en récits, Paris, PUF, p. 761-772.
  • Letonturier, Eric, 2020, Espaces en réseau : imaginaires, génie et idéologie, Inflexions, n° 43, p. 143-158.
  • Letonturier, Eric, 2020, « La symbolique militaire ou les trois modèles sociaux de l’armée », in DREVILLON Hervé, EBEL Édouard (dir.), Symbolique, traditions et identités militaires, Paris, Service Historique de la défense, p. 405-416.
  • Letonturier, 2019, “Patrimoine, identités et cultures militaires”, Inflexions, N° 40, 2019, p. 45- 60. Également traduit en anglais.
  • Letonturier (dir.), 2017, Guerre, armées et communication, Paris, CNRS Éditions.
  • E. Letonturier, 2017, « Par-delà̀ la technique : les trois imaginaires du réseau », in R. Gruev, A. Mouchtouris (dir), Imaginaire et technologie, Paris, Editions du Cygne, p. 25-40.
Activités d’enseignement 
  • théorie sociologique,
  • sociologie politique,
  • sociologie des organisations,
  • sociologie de la communication,
  • sociologie des professions.
Responsabilités
  • co-responsable du Master sociétés contemporaines ;
  • Directeur des collections « Les Essentiels d’Hermès » et « Communications » (CNRS Ed.)
Formation
  • Doctorat de sociologie (Paris Descartes),
  • DEA de philosophie (Paris 1/ ENS Ulm),
  • DEA Histoire (sciences et techniques, Paris 1)
Pour en savoir plus :

Letonturier Activités de recherche Sept 2023

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