Avant le 15 juin – Appel à contribution sur “Emancipatory Social Science Today”

 Appel à contribution pour "Quaderni di Teoria Sociale - numéro spécial 2019" sur Emancipatory Social Science Today, Edité par: Monica Massari (Université Federico II – Naples, Italie), Vincenza Pellegrino (Université de Parma, Italie)

Dans une phase historique caractérisée par la difficulté des sciences sociales à pouvoir être dans une relation significative avec les enjeux et les contextes de la société et par une dépolitisation tendancielle des savoirs  - souvent piégés dans les engrenages qui favorisent davantage la légitimation publique que l'utilité effective en termes d'efficacité - la recherche sociale est aujourd'hui de plus en plus confrontée au défi de pouvoir influencer efficacement les processus sociaux. Cela se produit, entre autres, dans un scénario caractérisé par le déclin plus ou moins marqué des universités publiques et par la précarisation de plus en plus visible de la figure du chercheur social. La capacité à établir des formes de communication, d'échange - dans certains cas, de réelles alliances et actions sociales avec des acteurs et des mondes qui auraient dû constituer l'interlocuteur privilégié d'une théorie critique de la société - s'est affaiblie de plus en plus.

Malgré cela, il y a des traces un peu partout de nouveaux domaines de recherche sociale "critiques" qui semblent exprimer un nouveau protagonisme. Aux États-Unis E.O. Wright propose une science sociale «émancipatrice» visant expressément à légitimer des formes de critique du capitalisme néolibéral, à saisir les conditions sociales qui rendent possibles les formes de contre-organisation sociale, afin de générer des connaissances scientifiques capables de défier l'exploitation. En Amérique latine, les «écologies du savoir» se multiplient dans les universités, des approches radicalement pluridisciplinaires liées aux questions de recherche posées par les citoyens, selon des pratiques d'interaction assez proches de l'idée de «recherche sociale démocratique» menée à Mumbai par A. Appadurai. Mais aussi en Europe, B. do Sousa Santos, L. Boltanski et de nombreux autres tentent de relancer pour l'avenir la sociologie critique qui a caractérisée les décennies centrales du XXe siècle.

Et toutefois, ces nouvelles pratiques de recherche ne sont pas en continuité avec ce qui a déjà été exprimé par la sociologie critique dans ses variations méthodologiques les plus classiques, visant à produire des changements dans les groupes sociaux concernés (comme c'est le cas, par exemple, avec "recherche-action" et "recherche-intervention"). Elles sont plutôt l'expression d'une nouvelle saison de «re-subjectivisation mutuelle» entre chercheurs et acteurs sociaux visant à dépasser l'idée que les intellectuels sont des sujets forts, situés au cœur des institutions publiques et capables de redonner une voix aux sujets faibles, marginalisés symboliquement et matériellement. Au contraire, nous partons ici de l'idée que ceux qui aspirent à observer et à interpréter la réalité sociale aujourd'hui sont également privés d'une capacité critique quant à leur condition de contrainte et d'assujettissement. Les chercheurs et les intellectuels seraient, d'une certaine manière, dépolitisés et parfois déshumanisés par une exposition constante à la séparation, liée à la recherche académique et à ses chiffres, ayant perdu la capacité de s'immerger et d'être remis en question par la dimension narrative, expérientielle et existentielle des processus invisibles, turbulents, difficiles d'accès.

Ces processus donnent de plus en plus visibilité aux niveaux transversaux de la fragilité et de l'assujettissement qui mettent fortement en cause les chercheurs au même temps que les acteurs des phénomènes sociaux étudiés.

Cet appel à contribution découle de la nécessité de restaurer la centralité du lien entre théorie critique et recherche sociale et propose une réflexion sur les contextes de production de connaissances scientifiques qui aujourd’hui  revisitent d'un point de vue méthodologique les outils adoptés pour la connaissance du monde social contemporain dans une clé participative (par exemple, en utilisant des formes et des pratiques de recherche auto- réflexives, auto- ethnographiques) et, d'autre part, montrent des voies de re-politisation du chercheur dans un but d’émancipation.

Seront appréciées à la fois des contributions de nature théorique qui montrent les liens entre les contextes de production des connaissances scientifiques et le développement de méthodologies participatives et les contributions qui, à partir de la recherche et des évaluations empiriques, théorisent sur le potentiel émancipateur d'une science sociale critique renouvelée.

Deadlines and guideline

Abstracts are due by June 15, 2018. All abstracts (800 words), with 5 keywords, should be sent as e-mail attachments to: monica.massari@unina.it and vincenza.pellegrino@unipr.it.

Communication from the Editors concerning the selection of abstracts by July 15, 2018.

Submission of first versions of articles to the editors by September 30, 2018. Articles – written in Italian, English or in French – should follow the journal guidelines (http://www.morlacchilibri.com/universitypress/norme).

Communication from the Editors concerning the peer-review process by November 15, 2018.

Revised and language edited final versions sent to the Editors by January 15, 2019.

 

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