Double Je, Identité personnelle et identité statutaire

François de Singly, Double Je, Identité personnelle et identité statutaire, Paris, Armand Colin, octobre 2017, 216 p.

Dans le monde occidental depuis le XVIe siècle, s’est imposée une conception de l’identité, distinguant nettement l’identité sociale et l’identité personnelle. Le modèle est présent dès Les Essais de Montaigne : « Il faut jouer dûment notre rôle mais comme rôle d’un personnage emprunté. Du masque et de l’apparence, il n’en faut pas faire l’essence réelle. » Ce modèle pose un problème à la sociologie qui, classiquement, se centre surtout les rôles et les appartenances. Or pour François de Singly, l’identité personnelle, la conscience que les individus ont de leur condition sociale, sont constitutives aussi de chacun.

Double Je analyse l’injonction sociale du « Deviens toi-même » et montre comment ces deux identités ne sont pas séparées si fortement. L’identité personnelle se nourrit de l’identité sociale ; l’identité sociale se construit en relation constante avec les avis émis par l’identité personnelle. Chacun est bien un double Je.

« Les matériaux de la démonstration sont surprenants par leur variété : enquêtes et entretiens, romans, films, peintures, tous mis en dialogue avec les recherches des sciences sociales. Dans Double Je, un portrait du sociologue de Singly émerge, avec ses passions, ses causes à défendre, sa curiosité, son atelier de lecture et de culture. Mais surtout un plaidoyer pour une conception non réductrice de l’individu- sujet. » Pierre-Michel MENGER, professeur au Collège de France.