“Télévision : les publics”

Dominique Pasquier, Franck Rebillard, "Télévision : les publics", Réseaux, Vol. 229, n°5, 2021, 276 p.

Ce double dossier de la revue Réseaux (numéros 229 et 230) est né d’un constat : alors que la télévision reste la première consommation de loisir des Français, et a même battu des records en 2020 avec une durée d’écoute quotidienne de 3h58 (soit 18 minutes de plus qu’en 2019 selon Médiamétrie) [1] (Cette augmentation est évidemment à replacer dans le contexte…), force est de reconnaître que les recherches, qui n’ont jamais en France été excessivement nombreuses, semblent s’être encore raréfiées à mesure que montait le nombre de publications sur le numérique et la culture digitale. C’est d’autant plus surprenant que la France s’est dotée avec le dépôt légal de l’Inathèque d’une base de données que beaucoup de chercheurs du monde entier nous envient – et qui a généré d’importants travaux (Chalvon-Demersay, 2021 ; Poels, 2015 ; Sauvage et Veyrat Masson, 2012 ; Méadel, 2010 ; Cohen et Levy, 2007 ; Bourdon, 1995 ; sans compter toutes les publications de thèses récompensées par le Prix de l’Inathèque).

La place que la revue Réseaux a accordée à la télévision, qui est grandement liée aux articles et dossiers proposés au comité de rédaction et donc à un état des recherches à un moment donné, témoigne de ce déclin : le dernier dossier, Les séries télévisées, remonte à 2011 ! Dix ans donc, durant lesquels seuls quelques articles ont été publiés en varia ou dans des dossiers dédiés à des thématiques plus larges. C’est peu par comparaison avec les décennies 1980 et 1990 où l’on recense huit dossiers consacrés explicitement à la télévision [2] (Le genre télévisuel 1997 ; Télévision et apprentissages 1995 ; Télévision et débat social 1994 ; Sociologie de la télévision : Europe 1990 ; Regards sur la télévision 1988 ; L’information télévisée 1986 ; Dallas et les séries télévisées 1985 ; La radio télévision : programmation 1984) et une trentaine d’articles hors dossiers. Fait notable, dans les années 2000, le mot télévision disparaît du titre des quatre dossiers qui traitent de questions qui lui sont pourtant très liées, comme si le petit écran avait été englouti dans des problématiques plus larges autour des recompositions du secteur audiovisuel [3] (Audiovisuel et numérique 2006 ; Figures du public 2004 ; Âge et usages des médias 2003 ; La politique saisie par le divertissement 2003).